samedi 22 mars 2014

Sarkozy est (toujours) un bouffon


J’avais consacré une de mes premières chroniques sur ce blog à la manière dont Sarkozy était passé du « Grenelle de l’environnement » à l’idée que l’environnement, « ça commen[çait] à bien faire », prouvant ainsi son absence totale de convictions fortes sur le sujet et sa ressemblance frappante avec une girouette. À l’époque, ses pitreries étaient d’autant plus comiques que, s’il était encore au pouvoir, on avait bon espoir que ça ne durerait pas.

Maintenant qu’il n’y est plus, mais qu’il espère bien y revenir, sa bouffonnerie ne me fait qu’à moitié sourire, son taux de popularité restant suffisamment haut pour être préoccupant. Mais tout de même, sa lettre ouverte aux Français (ou en tout cas aux lecteurs du Figaro) est un morceau de bravoure qui mérite quelques applaudissements. Je passe sur la comparaison de la France de 2014 avec l’Allemagne de l’Est pendant la guerre froide, et sur son rapprochement de nos juges avec les espions de la Stasi ; visiblement, au lycée, le petit Nicolas séchait les cours d’histoire et préférait aller au café avec ceux qui parlent de « dictature socialiste » (quand je dis à mes élèves qu’ils doivent apprendre leurs définitions…), voire de « totalitarisme » (ce qui les place quelque part entre l’ignorance, triste mais excusable, et le delirium tremens).

J’en viens directement à mon passage préféré, celui où M. Sarkozy se plaint que snif, snif, on a mis ses téléphones sur écoute, ses deux téléphones, ma bonne dame, si vous pouvez le croire, même celui qu’il avait sous un faux nom, et qu’il n’y a plus de vie privée dans ce pays ; on pourrait le croire tenté d’ajouter que si ça continue, il va partir en Russie, avec son pote Depardieu, où là, au moins, on respecte les honnêtes gens.

En lisant ça, je crois que, à mon corps défendant, j’ai dû faire exactement la tête de Nabila : nan mais allô quoi ! allô quoi !

En 2009, en plein quinquennat Sarkozy, 100 000 écoutes étaient pratiquées en France, ce qui représentait une multiplication par 4 depuis 2001. En 2012, il y a eu 650 000 réquisitions auprès des opérateurs téléphoniques, que ce soit pour des contrats, des appels, des SMS (contenus ou métadonnées), ce qui représentait une hausse de 44% par rapport à 2006. Pardon, mais qui a été au pouvoir en France de 2001 à 2012 ? La droite, il me semble ; et Sarkozy, en tant que ministre de l’Intérieur, puis en tant que Président de la République, ne peut qu’avoir joué un grand rôle dans cette inflation des écoutes et de l’intrusion des policiers et des juges dans l’intimité de gens.

Alors quoi ? Comment un des architectes de cette politique sécuritaire qui tend à ruiner peu à peu notre vie privée peut-il oser se plaindre d’en être la victime ? Aurait-il lancé, avec Copé, un grand jeu concours intitulé « On ose tout, comme ça on nous reconnaîtra » ? Si c’est le cas, c’est perdu d’avance ! Copé a des années-lumière d’avance, surtout depuis que ressortent ses propres casseroles.

Au fond, tout est là : les partisans de la surveillance à outrance espèrent toujours qu’ils passeront au travers des mailles du filet. Bon. Ils sont malhonnêtes, hypocrites, partisans du deux poids, deux mesures. C’est moche, mais on est habitué. Ce qui en dit long, en revanche, sur l’état de décrépitude de l’opinion publique et du niveau politique, c’est qu’ils osent l’assumer de manière aussi visible.

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