mercredi 11 septembre 2013

Génial, l'UMP a collecté ses 11 millions d'euros !


Ça y est, c’est fait, la bonne nouvelle est tombée : l’UMP a réussi à réunir ses 11 millions d’euros. Petit rappel des faits : après l’élection présidentielle de mai 2012, les comptes de campagne de l’UMP avaient été invalidés par un Conseil constitutionnel dominé par les traîtres communistes, privant le parti de près de 11 millions d’euros de remboursement public. C’était une sorte d’amende : l’UMP n’ayant pas respecté les règles du jeu de l’élection, ses dépenses de campagne n’étaient pas remboursées par l’État.

Or, cette sanction mettait le parti de Nicolas Sarkozy dans une situation financière délicate : lourdement endetté après la séquence électorale (présidentielles plus législatives), il avait déjà perdu une bonne partie de ses revenus suite à ses mauvais résultats électoraux et à la perte d’un grand nombre de ses députés (rappelons qu’en France, les partis politiques sont payés et remboursés de leurs dépenses selon leurs scores aux différentes élections et le nombre de leurs élus). Cette nouvelle perte sèche venait le mettre en péril, rendant difficile le remboursement dû à ses créanciers.

On lança donc en grande pompe une « Grande Souscription Nationale » pour « Sauver L’UMP » et « Préserver La Démocratie » (puisque les traîtres communistes du Conseil constitutionnel, en frappant ainsi le parti de droite, avaient évidemment pour but de museler l’opposition, laissant le champ libre aux socialo-communistes crypto-maçonniques du gouvernement, ce qui est bien la pire des atteintes à la Démocratie). À l’occasion, Sarkozy lui-même sortit de sa tanière, pas mécontent de faire plus tôt que prévu son retour pas si surprise sur la scène publique – ça commençait à sérieusement lui peser de ne plus voir son museau dans les unes de la presse.

Et quelques semaines plus tard, ding ! bruit de tiroir-caisse : le « Sarkothon » avait atteint son but, les donateurs avaient été généreux et l’UMP avait ses 11 millions d’euros. Ce qui nous permet de souligner deux points savoureux.

1. Le premier, c’est qu’il est clair qu’un parti politique peut désormais violer impunément les règles françaises en matière de limitation des frais de campagne. Vous dépassez le plafond légal ? Vous utilisez l’argent de l’État non pas en tant que président, mais en tant que candidat ? Pas grave : si d’aventure l’État ne vous rembourse pas, il y aura toujours des gogos pour le faire. Bien sûr, ça implique que le parti en question ait des sympathisants un peu friqués. Forcément, s’il n’y a que des pauvres pour vous soutenir, ça risque d’être coton de collecter quelques millions d’euros comme ça, au débotté, auprès d’eux.

Mais dîtes, pourquoi met-on un plafond aux dépenses de campagne, déjà ? Ah oui, c’est ça : parce que plus on a de fric à dépenser dans une campagne, plus on convainc facilement les gens. Poser un plafond, c’était donc une manière de limiter (un tout petit peu) le rôle de l’argent dans une campagne électorale. De faire en sorte que le parti qui a le plus de thunes ne soit pas forcément celui qui accède au pouvoir. Donc maintenant, c’est fini : si vous avez de l’argent, et si vos électeurs ont de l’argent, ne vous gênez pas, dépensez le plus possible : vous aurez plus de chances d’emporter les élections, et vous trouverez toujours moyen de rentrer dans vos frais. Amis de la ploutocratie, bonsoir !

2. Mais il y a plus encore : c’est que ce ne sont pas vraiment les donateurs de l’UMP qui ont remboursé cette dette. C’est moi. C’est toi, ami lecteur. Oh, pas directement, bien sûr : moi, par exemple, je leur ai envoyé un drapeau arc-en-ciel accompagné d’un message qu’on pouvait résumer par « allez vous faire foutre ». Mais nous avons quand même payé. Pourquoi ? Parce que les dons faits à un parti politique sont partiellement déductibles des impôts. À 66%, précisément. Donc, sur les 11 millions que l’UMP vient de recevoir, il y aura un manque à gagner de 7,26 millions pour l’État, donc pour vous et moi. Les donateurs de l’UMP ont réellement payé 3,74 millions d’euros ; les autres, nous avons épongé la dette de l’UMP à hauteur de 7,26 millions d’euros.

Encore plus génial, non ? Dépensez plus que vous n’y êtes autorisés : de toute manière, les généreux sympathisants, par leurs dons, forceront l’État à vous rembourser par un moyen détourné.

Évidemment, ami lecteur, tu te demandes sans doute pourquoi je trouve « génial » qu’un parti dont les idées me font vomir (tu auras reconnu l’UMP derrière cette délicate périphrase) ait trouvé le moyen de faire payer à tous la pénalité financière qu’il devait assumer pour avoir accru le rôle de l’argent dans la vie politique française.

Mais c’est tout simple : cette énième preuve que notre démocratie représentative est décidément bien pourrie ne peut que me réjouir. Elle vient prouver tout ce que je dis depuis des années : non, ce système n’est pas « représentatif » ; il favorise les riches, qui sont les seuls véritables acteurs de la vie politique du pays, c’est-à-dire les seuls représentés et les seuls représentants (doit-on rappeler que, dans la législature actuelle, il n’y aucun ancien ouvrier ?) ; oui, les partis sont devenus les vrais maîtres du jeu politique, un filtre, un passage obligé entre le peuple et l’État ; enfin non, il n’y a aucune équité entre les partis, les plus gros d’entre eux (ou ceux qui sont en mesure de construire des alliances avec les gros) étant les seuls à même d’accéder au pouvoir.

Tout ce qui démontre aux gens que la vraie démocratie n’existe pas est bon à prendre. Le renflouement des caisses de l’UMP contribue à faire un peu plus tomber les masques, à montrer à quel point les dés sont pipés, à quel point les règles du jeu ont été écrites pour que ce soient toujours les mêmes qui gagnent. La victoire de ce parti des riches est une défaite de plus pour le système politique actuel ; pour moi, c’est une petite bataille gagnée dans une guerre idéologique de longue haleine.

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