En lisant Le Monde,
ces derniers temps, j’avais bien cru comprendre qu’une grosse polémique agitait
le landerneau sportif (j’avais même fini par comprendre qu’il s’agissait de
foot), et qu’un certain Patrice Évra était à couteaux tirés avec des « consultants ».
Je n’avais aucune idée de ce que pouvait être un « consultant ». J’ai
fini par comprendre qu’il s’agissait d’un genre de commentateur sportif, mais
un peu pro, un peu complexe, chargé d’analyser les aspects techniques du match.
Je ne comprenais toujours pas pourquoi on appelait ça un « consultant »,
mais après tout, dans l’Éducation nationale, on ne « répartit » pas
les services des enseignants, on les « ventile », alors tout est
possible.
En tout cas, cette polémique semblait passablement importante,
vu qu’elle était tous les jours dans les premiers articles de la page Web du Monde, et dans les plus partagés. J’ai
fini par aller lire cet article, qui m’a semblé intelligent puisqu’il traite
tout le monde d’imbécile ; en gros, pour lui, un footballer pas forcément
très malin a osé s’en prendre (un peu poussé par un journaleux) à ces fameux
consultants, largement aussi cons que lui mais tout-puissants dans les médias. L’article
(signé Jérôme Latta, connais pas) n’a lui-même pas de mots assez durs contre
nos commentateurs, qu’il qualifie de « représentants […] d’une vision
étroite du football, d’un journalisme de déblatérations qui ne sert qu’eux-mêmes ».
Et d’en rajouter une couche : « versatilité éhontée, copinage et connivences
à peine masquées, déférence envers les forts et virulence avec les faibles,
hypertrophie de l’ego, haine démagogique des arbitres […], flemme
intellectuelle », et de conclure qu’attaquer le consultanat français est « une
mission de salubrité publique ». Le portrait colle tout à fait au peu que
j’ai entrevu au Zapping.
Mais vous vous en doutez, ce n’est pas de ça que je voulais
vous parler. Puisque apparemment les commentateurs sportifs attaquent (ou contre-attaquent)
en rangs serrés, c’est l’occasion rêvée de mener une bataille qui me tient à cœur
depuis longtemps, celle du patinage artistique.
J’adore le patinage artistique. Je trouve ça sublime, et
surtout je trouve ça bien nommé : je crois qu’il s’agit en effet d’un art
véritable, un art du spectacle comme le cirque, l’opéra ou le ballet. C’est une
des formes de la danse, en réalité, si on y réfléchit ; et qui songerait à
nier à la danse le statut d’art ?
Or, il y a une chose qui me met hors de moi, qui me donne
des envies de meurtre, vraiment, ce sont les commentateurs dudit patinage. Ils
gâchent tout, ruinent tout, ce sont les éléphants du magasin de porcelaine, les
orcs de Saruman piétinant furieusement la délicate Comté des joyeux Hobbits. On
n’entend plus qu’eux, ils sont là avec leurs criailleries, leurs critiques,
leurs éloges, leurs comparaisons, leurs petits désaccords, leurs évaluations,
leurs pesées, leurs mesures, leurs comptes d’apothicaires. A-t-il fait un tour,
deux tours, trois tours ? Les bras étaient-ils bien droits ? Ou
avez-vous mis le fil à plomb, nom de Dieu, qu’on y voie un peu plus clair ?
On ne peut même pas couper le son, bien sûr, puisque la musique est une
composante essentielle de cet art qu’est le patinage. On est condamné à
souffrir, à ronger son frein en silence, à pester impuissamment.
Eh bien je le dis : c’est peut-être comme ça qu’on
traite un sport, mais ce n’est pas comme ça qu’on traite un art. Imagine-t-on
des critiques de cinéma s’asseoir à côté de vous pendant le film et vous faire
à haute voix leurs commentaires au fur et à mesure ? Imagine-t-on des
critiques musicaux commenter en direct une représentation de Parsifal au Metropolitan de New York ?
Ils seraient morts avant l’entracte (pour ceux qui ne connaissent pas, c’est un
peu comme la mi-temps).
Donc par pitié, agissons. Écrivons aux chaînes de télé, aux
patineurs, au CSA, au Sénat, au lobby LGBT, je ne sais pas moi, mais faisons quelque
chose. Écrivons même aux commentateurs ! Qui sait ? Peut-être un
éclair de lucidité leur fera-t-il prendre conscience de toute l’horreur de leur
pratique. Je ne veux pas les mettre au chômage, hein ! Les laisser
commenter, mais après. Ou alors, leur
mettre de l’arsenic dans leur potage. C’est au choix.
aaaaah ! dans mes bras (virtuels !) !
RépondreSupprimerbon, j'avoue, j'aime bien le foot - enfin, j'aimais bien et j'aime de moins en moins, moi j'aimais le foot de Platini, Rocheteau et Bats. Bref.
mais j'aime beaucoup beaucoup le patinage artistique, dont j'impose la vision à mon cher et tendre à la moindre occasion (et elles sont rares à la télé quand on n'a pas Eurosport...), et j'ai des envies de meurtre sur les commentateurs - faut dire que les commentateurs de France télé, hein, on est particulièrement pas gâtés. Comme je suis vieille, j'ai connu le patinage commenté par Roger Zabel et Léon Zitrone, si, si, j'vous jure que ça a existé, et ben c'était autre chose, et d'abord parce qu'ils se taisaient de temps en temps :D
j'en arrive à attendre les vidéos sur le net issues de chaînes étrangères - russes ou japonaises, généralement - où les programmes des patineurs sont globalement respectés.
je suis allée au trophée Bompard l'an passé, j'ai réussi à faire taire mes voisins de derrière en leur disant que je serais ravie d'entendre leur expertise - ils s'y connaissaient manifestement plus que moi - une fois le programme terminé, pas pendant. ça a marché, à ma grande surprise.
mais pour la télé, je crois qu'on n'a aucune chance. snif.
Bon, les bras de Vero sont sans doute plus sympas que les miens, mais comme ils sont virtuels, je peux aussi t'y serrer tu risques pas grand chose! Je passe donc sur le foot - encore que, à les entendre pleurer au sujet de la taxation des gros salaires (les "pôvres") ça me donne envie de... - mais alors là, sur le patinage artistique à la télé française, j'adhère ! Peut-être une pétition sur Avaaz... Car, entre nous soit dit, ils nous resservent les mêmes commentaires sur les ralentis qui suivent, pour meubler le temps de délibération des juges...
RépondreSupprimerJ-C Hervé